Qui ne s’est pas posé LA question cette année avec cette crise COVID-10, et si je changeais de taf, si je changeais de vie, si je repensais mon job et si j’entamais enfin ma reconversion professionnelle ? La principale raison invoquée ? La prise de conscience avec ces vagues de confinement et ce temps avec toi-même pour reconsidérer les choses.
Comprendre le sens au travail
Cela dit cette prise de conscience était déjà présente dès 2017. Selon une étude du cabinet Deloitte « Sens du travail, sens interdit - Pour s’interroger enfin sur le travail » publié en décembre 2017, 54% des personnes estiment que la quête de sens a guidé leur choix de métier, allant jusqu’à 60% pour les plus de 50 ans et 65% pour les cadres dirigeants.
Toujours selon la même étude et soit en 2017, le sens au travail a été un sujet de conversation au cours des 6 derniers mois pour 83% des répondants et principalement en dehors de l’environnement professionnel (45%) même si 20% en ont aussi parlé à leurs collègues hors équipe, 22% dans leur équipe et seuls·es 11% à leur manager.
A quoi relier le sens du travail ? 29% à l’activité réelle quotidienne, 26% aux valeurs de l’organisation; 26% à la coopération et au travail d’équipe ; 12% au métier exercé et 5% au secteur d’activité.
Enfin, 55% considèrent que le sens au travail s’est dégradé au vu du manque de reconnaissance (43%), du processus d’évaluation (40%), la relation managériale (35%), l’ambiance de travail (33%), le déséquilibre vie privée et vie professionnelle (25%).
Qu’est-ce que nous évoque ces chiffres à part le tournis ?
D’un point de vue de l’organisation du travail, ces données mettent en évidence que le sens est au coeur des préoccupations individuelles mais aussi celles des directions ou organisations pour lesquelles nous travaillons. Ce sentiment de perte de sens est ambiant et va au-delà de la crise COVID-19 mais plutôt un phénomène structurel. Nombre de témoignages illustrent cette perte de sens par cet exemple classique : par contrainte de temps ou de moyens, je réalise mon travail mais dont la qualité n’est pas satisfaisante selon moi, même si cette qualité est satisfaisante pour l’organisation ou mon manager.
A titre individuel, ces chiffres interrogent aussi sur les leviers à ma disposition pour redonner du sens à ma vie et pour que cette mode du sens, cette incantation du sens ne soit pas subie au travail ou dénuée de sens pour moi, comment je redeviens acteur et actrice de cette quête de sens dans mon quotidien, comment je raccroche mes valeurs personnelles à celles de l’organisation et comment je fais vivre ces valeurs en équipe !
Mes valeurs au travail
Encore faut il être conscient·e de ses propres valeurs ? Pour construire du sens, il est important de s’aménager des espaces pour soi pour y déployer sa pensée, oser être soi, identifier ses propres besoins et les relier à ses désirs, ses représentations, ses affects.
En effet, si le choix d’une profession est influencée par des facteurs externes (conditions économiques, conditions sociales…) mais aussi les aptitudes individuelles, les valeurs personnelles sont tout aussi déterminantes. Par valeur, j’entends ce qui est personnellement ou socialement désirable. Tout au long de notre vie, nous cherchons un métier puis un emploi qui permettent d’exprimer au quotidien nos valeurs de base. C’est la théorie des valeurs de Schwartz. Les valeurs de base des individus (étude réalisée dans les années 90 dans une vingtaine de pays) permettent d’identifier 10 grands types de motivations au travail : autonomie, stimulation, hédonisme, accomplissement, pouvoir, sécurité, conformisme, tradition, universalisme et bienveillance.
Celles-ci interagissent entre elles, se confrontent ou se complètent et permettent de définir 4 typologies de source de sens au travail : l’ouverture au changement (bienveillance & universalisme « mon travail a une utilité pour les autres »), la valorisation personnelle (pouvoir, accomplissement et hédonisme « j’ai un travail reconnu socialement »), le dépassement de soi (hédonisme, stimulation et autonomie « j’apprécie la diversité des activités ») et la conservation (conformité, tradition et sécurité « j’applique des méthodes scientifiques qui sécurisent les autres »). Ci dessous, un exemple de diagramme de Schwartz.
Comment concilier valeurs personnelles et valeurs au travail ?
Premier réflexe quand on se pose toutes ces questions, c’est d’aller chercher une réponse à l’extérieur de soi. Oui Jaques et Déborah se posent aussi les même questions : s’épanouir au travail, trouver l’équilibre et un sens à nos vies personnelles et professionnelles…Autant brainstormer ensemble non ?
En ce moment, es-tu en train de te dire « j’aimerais donner du sens à ceux qui m’entourent ? » ou « je veux donner du sens au monde qui m’entoure », « je voudrais que mes collèges ou mon manager soit bienveillant parce que l’accomplissement et la bienveillance sont des valeurs qui résonnent en moi.
Redonner du sens est avant tout un cheminement personnel qui demande patience, courage et bienveillance envers soi. Il s’agit de définir ce que tu recherches vraiment : donner du sens au travail (des missions et activités qui ont du sens) ou avoir un travail qui a du sens (environnement, équipe, organisation, espace de travail….). Attention, cheminement personnel ne veut pas dire isolement, beaucoup de thérapeutes ou de coachs peuvent t’accompagner. Cheminement personnel c’est explorer sa propre représentation, l’idée qu’on se fait de soi et de sortir de sa coquille et du regard des autres, des attentes des autres pour retrouver son soi, ses valeurs et son essence.