« Mais non je ne suis pas vulnérable !!!! »
VULNERABILITE = du latin « vulnu », blessure ; vulneraribilis = « qui peut être blessé ». Mais aussi vulnéraire (moins connu celui-là) qui signifie « propre à la guérison ».
Etre vulnérable = c’est une forme de sensibilité qui expose à …On a tendance à y voir une situation de faiblesse dans laquelle notre intégrité peut être menacée…un risque…
A la lecture de ces mots, je te vois jubiler et me dire « ben tu vois, c’est nul la vulnérabilité alors NON je ne suis pas vulnérable ».
Alors OUI je maintiens et même je le crie encore plus fort « ma vulnérabilité, c’est ma force ». WHAT ????
Repenser la notion de vulnérabilité
Si on revient à l’origine, VULNERABILIS, soit qui PEUT être blessé.
Etre vulnérable c’est accepter cette prise de risque, c’est admettre que je peux être blessé·e. Je peux être blessée au corps, par une attitude, un mot…A ce moment j’en veux à la personne à l’origine de ces maux ou des fois à moi-même.
Ensuite, au choix je m’enlise dans cette colère/déception ou je vais chercher en moi les ressources pour dépasser cette « crise » (ou je me fais aider par un·e thérapeute). Et même si je m’enlise quelques temps dans mes émotions, il y a un moment où j’aurais ce sursaut pour sortir de ce marasme. Et finalement, ce sursaut, c’est une pulsion de vie présente en moi qui me permet de rebondir, d’avancer.
Cette pulsion de vie est agrémentée de nos croyances et drivers.
Drivers ? Ces mini-scénarios dans notre relation aux autres, construits pendant notre enfance comme une forme de pilotage automatique qui s’installe inconsciemment et indépendamment de notre volonté, notamment quand nous sommes frustrés et pour satisfaire nos besoins secondaires car les besoins primaires ne peuvent être satisfaits (les besoins primaires, ce que nous voulons réellement au plus profond de nous).
Ce sont les fameux « sois fort·e », « sois parfait·e », « fais des efforts », « dépêche toi », et « fais-moi plaisir ».
Autant ces drivers peuvent nous permettre de rebondir à court terme mais comme tu commences à le comprendre, ces drivers peuvent aussi t’empêcher de comprendre ce qui se joue en toi face à une situation de crise…C’est ça la répétition de scénarios…Jusque’à la goutte de trop. (Et là vraiment je t’invite à voir un·e thérapeute), et là je me sens complètement vulnérable…
Sans vulnérabilité, pas de résilience
Je me sens vulnérable, mise à nu·e, dépouillé·e, sans aucune ressource, incapable de dépasser cette crise…C’est à ce moment là que je me sens aussi vulnérable à tes côtés en tant que thérapeute.
A ce stade, tous les masques (les rôles que tu joues en société) et toutes les injonctions (sociétales ou éducationnelles) tombent. C’est un moment important pour toi dans ton processus thérapeutique. C’est ici que tu comprends réellement qui tu es, quelles sont tes qualités, tes valeurs, tes ressources.
C’est ici que tu comprends ta mécanique psychologique, tes blessures. C’est ici que tu décides de te réaffirmer et prendre ta place (même si tu ne sais encore comment et où). C’est ici que tu décides de te pardonner, te réconcilier avec toi et de faire différemment, de te réaffirmer en embrassant tout ce que tu es, dans ton intégralité.
C’est à ce moment là que je me sens vulnérable à tes côtés parce que pour aller à ta rencontre, je me mets aussi à nue. Etre vulnérable = c’est une forme de sensibilité qui expose à …Pendant nos séances, je fais appel à tous mes sens, sans aucune défense. Je suis vulnérable et je suis prête à tout entendre dans tes souffrances, je m’expose à ta souffrance et je suis emphatique à tes côtés.
Et c’est aussi ça la puissance de la vulnérabilité. C’est un espace de liberté où nous nous offrons, nous partageons de l’amour. Nos sensibilités respectives sont en communion (l’authenticité) et nous pouvons aborder ta part d’ombre pour te réconcilier avec elle.
Sans résilience, pas de développement de soi
Beaucoup de personnes se disent résilient·es. Etre résilient·e, ce n’est pas tant rebondir et reproduire les même erreurs indéfiniment. Ca va beaucoup plus loin que ça. C’est surtout être en capacité de révéler ses ressources, sa part d’ombre, celle qui est réellement capable de transformer et libérer profondément ce que nous sommes ; ce qui permet effectivement ensuite de rebondir et sortir des schémas limitants..
Passer par sa vulnérabilité permet le dépassement de soi, l’apprentissage. Déposer les armes, les masques pour mieux se comprendre, s’accepter avec toutes les cicatrices de sa vie, de son histoire, de son transgénérationnel. Car prendre sa place c’est aussi comprendre les loyautés familiales et redéfinir sa place dans sa famille, accepter les parts sombres de son histoire y compris transgénérationnelles. Pour ne plus reproduire les mêmes erreurs, pour réécrire son histoire ou son scénario de vie et faire ses propres choix pour soi, se libérer, reprendre confiance en soi et s’affirmer non plus dans la colère ou la peur mais avec joie et amour de soi.