Je suis, je consomme, je fais, je suis libre, je suis engagé·e ?
Si tu me suis sur les réseaux sociaux, tu sais à quel point ce mois-ci j’ai été tourmentée par ce qui se passe dans le monde et dans nos sociétés.
Et pour être honnête avec moi-même, ça ne date pas de ce mois-ci ni de cet été. Enfant déjà, j’avais perdu (malgré moi) cette part d’insouciance. Pendant longtemps et même encore adulte, je pensais que j’étais la seule à avoir perdu trop tôt cette part d’insouciance. Mes nombreuses missions humanitaires mais aussi mes rencontres en cabinet m’ont montrées que NON, l’insouciance n’était pas synonyme d’enfance.
Des rêves d’enfant, oui j’en ai eu : je voulais être femme médecin, journaliste, reporter de guerre, écrivain·e, humanitaire, maison d’accueil pour enfants malheureux et voyager…
Pendant longtemps, je me suis jetée dans la posture et l’archétype de la femme guerrière. Ma mère était mon contre-exemple ; mes soeurs, celles avec qui je me battais pour être l’Unique, celle qui recevra le signe de reconnaissance du Padre…Mon père, cet autre contre-exemple, qui m’effrayait « Tu dois être la meilleure ».
Oui j’ai vécu dans la peur (la violence) et pendant longtemps, j’ai mis ça de côté. J’étais cette femme guerrière, engagée, militante qui se battait contre les injustices. Et surtout j’étais cette femme forte, celle qui défiait la culture traditionnelle et patriarcale du Cambodge (mon pays d’origine) et celle qui prônait le droit aux services de base, le droit à l’alimentation/santé/éducation, l’équité, l’égalité, la justice ! NON à l’impunité !
NON, je ne pleurais jamais et je n’avais pas peur ! Peur de rien !
Puis été 2012, tout s’est écroulé, tout s’est consumé pour renaître…
Ma douceur, mon humanisme, l’amour des autres, ma vulnérabilité (tout ce que je cachais en femme forte, comme en quelque sorte ma part d’ombre) a explosé. C’était fatigant pour moi d’être en lutte et mon corps a demandé de la douceur. On va arrêter le hand, le foot, le basket, les excès, les soirées, la clope…
Et si on essayait le yoga ? Si on se remettait à la natation ? Si on se réconciliait avec soi, son histoire, sa culture, son transgénérationel, sa famille ?
Si c’était MOI qui décidait d’écrire mon histoire en conscience en prenant soin de moi ?
Réécrire son histoire avec amour et respect de soi n’a pas été la mission la plus facile. Déstabilisée, découragée, la peur de ne jamais y arriver, le manque d’air, admettre ses erreurs, se responsabiliser…Aujourd’hui encore, j’écris et réécris cette histoire…
Mais je ne me leurre plus. Je suis l’actrice principale, l’héroïne…Et ça c’est le plus bel engagement que j’ai pris avec moi-même.